A l’assemblée nationale, on débat… et on se coupe parfois la parole. Dans le jargon de l’assemblée, on appelle cela une interruption. Nous avons analysé les données de plus de 160 000 interruptions de la 5ème mandature. Alors, que révèlent ces données sur le fonctionnement de l’assemblée ? Décryptage.

  • « On va en manger, du guacamole ! »
  • « Il n’y a pas assez de lumière à l’Assemblée ? »
  • « Achille Zavatta ? »
  • « Pompier pyromane ! »

Voici quelques une des interruptions que l’on retrouve dans les données de l’assemblée nationale, en Open Data. Pour chacune de ces interventions, nous avons regardé qui en était à l’origine, et qui s’est fait couper la parole.

Les groupes de gauche sont les plus interrompus

Regardons tout d’abord le nombre moyen de fois où un député a été interrompu, en fonction du groupe auquel il appartient. Avec 1013 interruptions, les députés de La France Insoumise sont les députés les plus interrompus. Ils sont suivis par la Gauche Démocrate et Républicaine, dont les députés ont été interrompus 695 fois en moyenne au cours des 5 dernières années.

Mais c’est aussi la gauche qui interrompt le plus

Regardons désormais l’indicateur inverse, c’est à dire le nombre de fois où les députés ont interrompu un de leur collègues. Ici aussi, La France Insoumise et la Gauche Démocrate et Républicaine sont dans le top 3. Mais Les Républicains piquent la 3ème place aux socialistes, avec en moyenne 513 interruptions d’un député d’un autre camp par un député LR.

Un combat de coqs ?

On aurait pu s’attendre à voir les femmes plus interrompues que les hommes à l’assemblée, reproduisant un biais de société désormais bien connu. Et bien, c’est tout l’inverse ! Les hommes sont quasiment 2 fois plus interrompus que les femmes. Dans l’autre sens, ce sont aussi les hommes qui sont à l’origine du plus grand nombre d’interruptions.

Age & préséance ne sont pas corrélés aux interruptions

Nous avons cherché quels autres indicateurs pouvaient être corrélés au nombre d’interruptions occasionnées ou subies. L’âge et la préséance paraissaient être de bonnes pistes. En effet, on pouvait intuiter qu’un député expérimenté, par son âge ou par son poste, se permettait plus de liberté dans l’hémicycle.

Il n’en est rien, il y autant de bavards chez les jeunes que chez les députés d’expérience !

Rappel : la préséance est un rang protocolaire attribué aux membres de l’assemblée. Plus la préséance est haute, plus ce député occupe une fonction considérée comme importante au sein de l’hémicycle. Richard Ferrand, en tant que président de l’assemblée nationale sortante, a donc la préséance la plus haute.

Corrélation interrompeur / interrompu

Il existe en revanche une corrélation entre le caractère « interrompeur » d’un député et sa tendance à être interrompu.
Sur ce graphique, vous pouvez vous promener parmi les 567 députés qui ont terminé la 15ème mandature, et explorer leurs statistiques !

Allez, on vous fait gagner un peu de temps avec le top 3 des plus enclins à interrompre :

  1. Pierre Cordier, les Républicains, 6369 interruptions
  2. Fabien Di Filippo, les Républicains, 5218 interruptions
  3. Jean-Paul Lecoq, Gauche démocrate et républicaine 3693

Et le top 3 des plus interrompus :

  1. Ugo Bernalicis, La France insoumise, interrompu 2710 fois
  2. Marc Le Fur, Les Républicains, interrompu 2454 fois. A noter, il se situe également en 6ème place des plus « interrompeurs » à l’assemblée.
  3. Sébastien Jumel, Gauche démocrate et républicaine, interrompu 2120 fois.