Les cabinets ministériels comportent-ils autant de femmes que d’hommes ? Collaborateurs directs des membres du Gouvernement, interface clé entre le politique et l’administration, les membres des cabinets ministériels exercent un rôle stratégique pour l’exécutif. Qu’ils soient techniques ou politiques, ils sont directement nommés par les ministres et secrétaires d’État. Libre à eux d’assurer le principe de parité.

Le 4 avril, dans le cadre de l’examen au Sénat d’une proposition de loi pour la parité dans la haute fonction publique, le Gouvernement a déposé un amendement exigeant que les nouvelles nominations aux cabinets ministériels soient paritaires entre les femmes et les hommes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Datapolitics s’est plongé dans les nominations des cabinets ministériels publiées au Journal Officiel depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron. En six années d’exercice du pouvoir, près de 1500 personnes différentes ont été nommées, pour un total 2700 nominations à des postes de cabinet.

Des milliers de nominations

La fréquence des nominations aux cabinets ministériels est évidemment liée à l’actualité politique : les trois périodes où se concentrent le plus les nominations correspondent aux trois changements de Gouvernement : celui d’Édouard Philippe, en mai/juin 2017, celui de Jean Castex, à l’été 2020, et celui d’Élisabeth Borne au lendemain des élections législatives 2022. C’est d’ailleurs durant cette dernière période que le rythme des nominations a été le plus intensif : 295 nominations sur trois mois. Un quatrième pic, plus faible, correspond au remaniement de l’automne 2018, suite aux démissions successives de Nicolas Hulot et Gérard Collomb.

Des cabinets ministériels majoritairement non paritaires

En ce qui concerne la parité, un premier constat s’impose : 60% des 1500 personnes nommées sont des hommes, dix points au dessus de l’objectif de 50% affiché par le Gouvernement. Cela représente 1,47 nominations masculines pour 1 nomination féminine depuis 2017.

Ce ratio est inégalement réparti entre les ministères. Ainsi, si les ministères et secrétariats d’État liés aux transports, à l’outre-mer, l’enseignement supérieur ou encore la citoyenneté comptent au moins deux fois plus d’hommes que de femmes dans leurs cabinets, d’autres sont strictement paritaires, comme la culture, voire majoritairement féminin. Ainsi, les différents secrétariats d’État et ministères liés à l’égalité femmes-hommes ont compté davantage de femmes que d’hommes dans leurs cabinets.

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Pour classifier les ministères et secrétariats d'Etat, nous nous sommes appuyés sur une table de correspondance thématique disponible dans les données opendata des questions écrites du Sénat réajustée par nos soins.

De fortes inégalités entre les membres du Gouvernement

De même, les personnalités membres du Gouvernement ne partagent pas le même ratio femme/homme dans leurs cabinets successifs. Ainsi, parmi les membres du Gouvernement d’Élisabeth Borne en fonction sous les gouvernements précédents (liste sélectionnée afin de bénéficier d’un meilleur historique), si Marlène Schiappa a nommé autant de femmes que d’hommes, Sébastien Lecornu a nommé 3,2 fois plus d’hommes que de femmes dans ses cabinets successifs. Olivier Dussopt a quant à lui nommé plus de femmes que d’hommes dans ses cabinets, à l’instar d’autres personnalités arrivées sous le Gouvernement d’Élisabeth Borne comme Olivier Becht, Carole Grandjean ou encore Isabelle Rome. Au total, seuls 10 membres sur 41 de l’actuel Gouvernement ont constitué durant leur parcours gouvernemental un cabinet où sont passés autant ou plus de femmes que d’hommes.

 

Les inégalités entre les femmes et les hommes dans les nominations aux cabinets ministériels sont également perceptibles dans les carrières. Ainsi, sous Emmanuel Macron, 57% des femmes nommées à des cabinets ministériels ne sont nommées qu’une seule fois sur toute la période, contre 53% des hommes. Cela ne présuppose toutefois pas de la durée en poste des personnes nommées.

Les nominations aux cabinets ministériels, un enjeu politique

En bref, il semble que le Gouvernement doit s’astreindre d’efforts supplémentaires s’il souhaite se conformer à l’objectif qu’il propose lui même d’inscrire dans la loi. Il sera également intéressant de s’interroger sur les disparités entre les postes, comme ceux de directeurs de cabinets, ou encore de scruter le niveau de turnover des cabinets. A suivre…

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